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PARCOURS
SUBJECTIF
(septembre 2017)

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2009-2014 : EXPÉRIMENTATIONS, FÉMINISME, UTOPIES ET GRAPHISME

 

À partir de 2009 je développe une activité de graphiste indépendante, tout en poursuivant, en parallèle, la recherche artistique. Celle-ci s’articule principalement autour de problématiques féministes. Outre l'intérêt intrinsèque des approches féministes, cela me permet de m’affirmer et de situer mon intention dans une histoire de l'art façonnée par des hommes (du moins, celle qu'on nous apprend).

Mon travail se concentre principalement autour de thématiques sexuelles. Je ne vais pas m’étendre ici sur les liens entre ordre social, patriarcat et liberté sexuelle, mais ce sont les questions qui m’intéressent. J’aborde le sexe moins sous l’angle de l’érotisme que comme élément métaphorique, utopique et contestataire. Je travaille sous les pseudonymes Les Brigades du Foutre, les sœurs Schlimm, Nadia von Foutre.


La création de fanzines et de multiples accompagne cette démarche, je m’y attarde, sans en faire une pratique exclusive. (J'intègre le collectif Indélébile - qui s'active autour de l'édition graphique indépendante - en 2009, et en suis toujours membre aujourd'hui.) De façon générale, j'ai une attitude touche-à-tout, curieuse et gourmande d'expériences ; je cherche.

Mais voilà : je ne suis pas satisfaite. J'abats des étapes, j'explore des pistes, j'élague, petit à petit, mais sans arriver au cœur de ce que je souhaite réaliser. Il me fallait ce temps précieux, indispensable, afin de construire les bases de ma pratique artistique, de prendre confiance, et de m’affirmer. Sinon, c’était soit la conformité, soit l’égarement. Mais je sens qu'il est temps d'entamer une nouvelle étape.


À force de jongler entre art et graphisme, je me rends compte que, quelle que soit la méthode, le graphisme occupe la majeure partie de mon temps, et m'empêche de m'investir pleinement dans la recherche artistique. Décision, j’arrête le graphisme. Dernière commande en janvier 2015.

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2015-2017 : TRANSITION, LIBÉRATION DU GESTE, DIMENSION TRAGIQUE

Ma pratique artistique, jusque là, s’inscrit principalement dans le domaine de l’image-signe, et flirte avec la narration. Or je souhaite m’éloigner du signe, du moins pour un temps, pour entrer dans la matière, la sensation. Alors je compartimente : je place mon goût pour les arts appliqués dans une pratique ponctuelle de l’illustration, ce qui me permet aussi de poursuivre l’engagement quant aux questions féministes et «socio-sexuelles» dans un espace délimité. C’est aussi une gymnastique - entraînement de l’œil et de la main dans des cadres précis, pour se forger une dextérité, qui nourrit ensuite le dessin libre par l’aisance qu’elle procure. Mon inclinaison pour le graphisme se poursuit, également de façon ponctuelle, à travers la création d'affiches.

Et puis je travaille à libérer mon geste. J’appréhende les grand formats, le rapport corporel au dessin. L’encre, sa fluidité et la spontanéité qu’elle encourage, est le médium privilégié pour cette phase. Je produis je produis, et je montre peu. Je crache et me libère. Puis je me confronte à l'espace d'exposition, qui me permet de prendre du recul, faire le tri, essayer et rater des choses. Grâce à tout ça, je prends confiance.

Et j'arrive à un tournant. Je ne ressens plus le besoin de créer des utopies, de porter un regard vivifiant et enragé, "pour se donner de l'élan". J’accepte le tragique, l'impuissance, et m'ouvre avec soulagement à l’indicible. Forte de la conscience de ma puissance, développée grâce aux étapes précédentes, je peux désormais ouvrir l'espace créatif à la vulnérabilité, à l'incertitude, à ce qui nous dépasse.

Ce moment coïncide avec la découverte décisive de deux médiums : la carte à gratter et le rétroprojecteur me permettent de réunir les différentes facettes de mon parcours et de mes aspirations. Ils exigent précision et rigueur, et laissent place à un investissement total par la sensation.

Le grattage est une activité sensuelle, une caresse piquante qui creuse entre les ombres, et assume pleinement la dimension non-élucidée de l’image ; la projection quant à elle, se pratique en direct, dans une démarche de partage, avec une dimension expérimentale forte et une large place laissée à la sensualité de la lumière, des matières et des gestes.

Par ailleurs, ces deux médiums ouvrent des possibilités quant à la narration au sens large, pour laquelle je nourris un intérêt récurrent. Voilà où j’en suis : j’ai libéré le geste, accepté le chaos, et suis entrée dans la matière. On dirait que tout ne fait que commencer.

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